Didier
Cayol est né à Nice dans les Alpes-Maritimes le 19 janvier 1936. "Mon père est né à Paris mais il était originaire de Toulon. Il aimait écrire quoi qu'il n'ait jamais rien publié". Il avait tenté Polytechnique, mais après avoir raté le grand oral, il
s’enrôle dans l'armée. Il fait son service militaire, officier d’artillerie deux fois blessé, est
inscrit au Fort de Douaumont en tant que héros de Verdun.
Jeunesse
La guerre finit, le père de Didier Cayol entre dans une école d’électricité et est engagé chez EELM (Énergie Électrique du littoral méditerranéen). Nommé au poste d'ingénieur à Cannes quelques années plus tard, la famille déménage en 1938 et devient cannoise.
Je n’ai pas connu
mes grands-parents mais je sais que mon grand-père paternel était chef de service auprès du Ministère de la Marine. Il était aussi l'ami de Guy de Maupassant et d’Émile Zola. Il mourra
de la tuberculose à l’âge de 40 ans ».
Femme au foyer, la
mère de Didier Cayol était fille d'un notaire à Bordeaux, issue d'une famille de six enfants. Didier est le benjamin. Elle descendait
directement de Bussy Rabuttin Chantal, du petit-fils de Sainte Jeanne de Chantal et du cousin germain de Madame de Sévigné. La mère de Didier avait
cette caractéristique d’être suffragette, organisant des défilés
pour le vote des femmes dans les années 1930. Elle traînait ses
enfants pour défiler et prêcher le droit de vote des femmes. C'était une femme pleine d'énergie et dotée de belles convictions.
Didier
entra au collège en 1942 lors du déménagement de la famille d'Avignon, son père ayant été muté au poste de directeur général.
L’arrivée dans Avignon s’est faite en même temps que celle de l’armée
allemande. Didier entre alors chez les jésuites en
janvier 1943. Il y passera dix années de sa vie.
"C’est
ma sœur qui m'a appris à lire tandis que l'institutrice m'enseigna les fondamentaux en me faisant travailler à la
maison".
À Avignon, j’ai eu beaucoup de chance, j'ai assisté à la
création du Festival d’Avignon. Je l'ai vu naître à partir des
coulisses. C’est comme cela que mon esprit a été bercé par les
bons mots, les grands du théâtre français de cette époque. »
Un élève hors-norme
" Déjà à l’âge de 11 ans, mon professeur me poussait à ce que j'enregistre un disque car je déclamais fort bien la poésie, Racine,
Homère... J’ai été baigné dans la Culture française, classique.
J’ai toujours été sensible également à la poésie contemporaine, celle de Prévert et d'Eluard, paradoxalement, j’ai toujours adoré Yves
Montant, Pagnol…etc.".
Les
études se déroulèrent dans les meilleures conditions malgré des accrochages répétés avec les
professeurs qui se plaignaient souvent de voir toujours une réponse à
tout ! Cela me valu le doux sobriquet de « Pic
de la Mirandole ». Bon en maths et pas en physique ni en chimie, affectionnant particulièrement la philosophie, Didier Cayol finit par décrocher la
médaille d’argent au prix des anciens élèves du collège des
jésuites d’Avignon. Il y passera son Bac littéraire avec mention.
« En classe de première, mes camarades et moi même étions pris à part par notre professeur
de latin qui nous demandait de traduire de manière simultanée des écrits de César. Cet exercice difficile m'a fait aimer le latin pour toujours. Cela forme l’esprit, comme le grec qui est
autrement strict et profitable pour l'esprit. A cet âge, j'aspirais à devenir ambassadeur car la diplomatie et l’art de la négociation renfermaient pour moi toutes les vraies valeurs auxquelles j'ai toujours aspiré. Lorsque mon père pris sa retraite à Paris, je me résolus à m’inscrire à la fac de droit. Or, n’ayant pas de domiciliation parisienne, j'ai du me m'inscrire à l’Institut catholique de Paris ou j’ai fais deux
ans de droit avant de rejoindre le Panthéon. Président des
étudiants de la faculté libre de droit où j’avais créé un
journal appelé "Le canard juridique" (à l’Institut
catholique de Paris). C’est là où j’ai connu ma femme. Depuis
notre rencontre, nous ne sommes plus quittés.
L'idée d'abandonner mon projet de rejoindre Science-Po a muri alors que j'assistais à des procès en Assise. Un camarade qui connaissait l’huissier de la cour d’assise
de Paris, avait joué de ses relations afin que nous puissions assister aux procès. C'est ainsi que j'ai eu la chance notamment de vivre en directe, le procès de M. Guerini ou encore celui d'Émile Buisson,
l’ennemi public numéro Un. C’est là ou je me suis dit « je
serai avocat ! ». Les avocats me fascinaient. Ils avaient la parole libre, traitaient les
témoins avec arrogance et convictions, répondaient au président de manière pertinente. Les avocats ont cette
possibilité de s’exprimer sans que l’on puisse leur reprocher
quoique ce soit. J’étais sous le charme des plaidoiries des ténors du
barreau. Cette profession qui fait honneur au verbe m'a piqué au vif.
Des débuts studieux
J’ai
terminé ma maîtrise puis me suis inscrit en doctorat de droit
public à Paris 1. Marié entre temps (1958), en
1959, je me suis inscrit en doctorat, le gouvernement a résilié
tous les sursis militaires donc j’avais alors 23 ans et je me suis retrouvé appelé dernière les drapeaux. Je ne suis pas
parti en Algérie, car nous avions eu un enfant, j’ai donc fait mes
classes dans la Marine à Hourtin près de Bordeaux. Après deux mois de service, j'ai été envoyé avec un autre camarade matelot au
camp d’Hourtin jusqu’au 24 décembre ou nous avions finalement pu regagner
Paris. Or je n’étais toujours pas docteur en droit. Après un mois
d’enquête, nous avons été affecté dans les Services secrets à
la surveillance des mouvements des bateaux russes. J’ai passé deux
ans dans ce service appelé le SDEC que nous appelons aujourd’hui
la DGSE. Nous avons eu ensuite un second enfant et mon service
militaire qui était de 36 mois, a de fait été réduit à 30 mois. Tout de
suite après, j’ai rejoint une étude d’avoué pour laquelle
j’avais déjà travaillé. J’ai
beaucoup travaillé pour François Regnier, avoué au tribunal de
grande instance de Paris. Pendant que j’étais encore sous les
drapeaux, j’ai passé le CAPA (certificat d’aptitude à la
profession d’avocat) et prêté serment le 28 novembre 1962. Je suis devenu avocat au barreau de Paris. Je n’ai plus jamais fait de
droit public et me suis spécialisé en droit procédural. J’ai appris
mon métier sur le tas… Très vite, ne connaissant personne au
Palais, j’ai travaillé avec l’un de mes anciens professeurs, Michel Fliniaux, qui donnait des cours à l’université d'Amiens et exerçait la profession d'avocat à Paris.
Collaborant
pendant quelques mois avec Michel Fliniaux, très vite, j’installe mon
cabinet à mon domicile, avenue de Wagram. Je travaille avec des confrères,
je fais des dossiers et vais plaider pour eux afin
de pouvoir construire mon propre fond de cabinet le plus rapidement possible.
Très
vite, je suis élu à l’UJA (Union des Jeunes Avocats), c’est là
que je vais faire la connaissance de ceux qui, quelques années plus tard, deviendront mes plus fidèles amis. Pierre André Renaud est l'un d'eux. Au bout de trois ans, je suis devenu le
président de la commission d’étude, puis deux ans plus tard, Vice-Président de l’UJA. Enfin, en 1971, j'en deviens président. En 1975, je suis élu président de la Fédération nationale
des UJA de France. Lors du congrès que j’organise à Reims, je
fis venir un certain nombre de magistrats, notamment le
président BELLET qui deviendra premier président de la cour de
cassation, quelques années plus tard. Monsieur Pierre Drai lui succédera à la Cour de cassation, et Monsieur Vassogne deviendra premier
président de la Cour d’appel de Paris. Ensemble, durant des années, nous
entretiendrons des relations informelles et en échangeant très régulièrement des réflexions sur
l’avenir de la justice et de nos professions respectives.
À l'occasion de l'examen du CAPA, j'avais fait la connaissance d'un homme extraordinaire qui marquera mon avenir professionnel de manière déterminante. Ce grand monsieur deviendra quelques
années plus tard, le Bâtonnier visionnaire aimé de tous les gens de robe : Claude Lussan.
Le bâtonnier Lussan me fit entrer dans son équipe aux fonctions d'administrateur de la Carpa ou je resterais 25 ans avant d'en devenir le vice-président, les deux
dernières années.
Avec
Pierre André Renaud et le bâtonnier Damien de Versailles, nous
avons créé l’Institut d’études judiciaires de Nanterre sous
la conduite du professeur Motulski. Quelques temps plus
tard, en 1971, je suis désigné par décret membre de la Commission de réforme du Code de procédure civile. J’assisterai à
une réunion par semaine Place Vendôme durant près de 15 ans ! Cette commission était présidée par Jean Foyer, ancien Garde des
sceaux qui lors d'une dernière réunion nous annonça mes Dames et Messieurs : "nous sommes remerciés au double sens du terme". Monsieur Foyer ne manquait pas d'humour ! Mais le nouveau Code de procédure civile fut publié sans qu'il soit mention de nos travaux !
Je fus par la suite nommé par Alain Perfitte, garde des seaux, membre de la commission de réforme du
secret d’instruction, sujet qui n'a pas évolué tellement depuis lors.
« J’ai
toujours rêvé de faire de la politique. Ce sont mes parents et ma
femme qui m’en ont toujours dissuadés. Lorsque je regarde ce qui
s’y passe aujourd’hui, je trouve que le choix fut bon de ne point m'être aventuré dans cette branche. Professionnellement, j'ai été en cabinet groupé avec Pierre
André Renaud et Paul Haennig. Un ami, confrère de Chartres,
Jean-Pierre Tremblay nous a ensuite rejoint. Une association est envisagée, notamment avec
Bernard Cahen, mais après la mort de Jean-Pierre Tremblay, nous constituerons
la SCP Cayol Cahen et Associés dont mon fils, Jérôme a pris la
direction en 2011. »
L'amour
de l'écriture
« J’ai
toujours eu envie d’écrire, mes bonnes notes en français m’ont
motivé à le faire. Je n’ai seulement jamais trouvé le temps pour cela. Or, un jour, Caroline, la plus jeune de mes deux filles, me proposa d’écrire à quatre mains un Arsène Lupin moderne ayant une passion commune pour le personnage.
J’hésite d'abord, mais face à son insistance, et à son projet d’imaginer la vie du petit-fils d’Arsène Lupin à qui son grand-père a légué
un tableau... un texte "les Lupins de Vincent" est sorti deux mois plus tard. On y'est encore en Avignon, Nîmes ... très influencé par les souvenirs méridionaux de mon enfance.
Plusieurs
années plus tard, « Maxime ou l'honneur d'un président » voit le jour, associant mon vieux rêve de devenir diplomate et cet amour naturel que j'ai toujours porté pour l’écriture. La pratique de l'écriture a été une activité permanente au cours de ma carrière d'avocat. Je rédigeais les
discours et les textes que je ne suivais pas toujours à la lecture…
Et puis, l’idée d'un troisième livre..., Mais ai-je encore un peu de
temps ?
« Je
veux reprendre l’histoire de Fontine vue par Fontine, et puis la
guerre dans les yeux d’un enfant, car je me souviens des bombardements, du
discours de Maréchal Pétain, de la petite fille dont je tombais
amoureux lors d’une rencontre sur une plage à l’âge de 4 ans. A
Avignon, j’ai couché pendant 8 jours dans une cave avec un casque
sur la tête. Les bombardements ont duré pratiquement entre le 27 mai 1944 et le 15
août. À cette date alors qu'Avignon était libérée, les anglais ont bombardé la ville. J’ai vécu vingt bombardements d’Avignon! » Ces souvenirs marquent pour toute une vie. Je pense avoir aujourd'hui le recul suffisant pour en tirer de l'inspiration.