mercredi 29 février 2012

Encore un peu de temps


« Encore un peu de temps » raconte l'histoire d'un homme doté d'un destin ambigu. Des événements invisibles se rencontrent dans sa vie et lui donnent un ton inhabituel. Le souvenir d'un premier amour est resté intact au fond de sa mémoire, comme une tache d'encre indélébile. La disparition de sa femme va ouvrir une fenêtre d'où ressurgira le passé qui propulsera cet amour premier qui avait besoin d'encore un peu de temps pour fleurir au grand jour. Assumer cette anomalie dans les rencontres et en sortir grandi ? Ce livre déjà est fascinant dans ce qu'il a d'espoir à donner aux êtres chers séparés par la vie. Et voilà qu'une conjonction supplémentaire vient polariser le héros à une partenaire au service d'une histoire d'amour en train de reprendre forme : L'amie de sa fille. Celle-ci, agent opérant sans le savoir, au service des mécanismes de l'Invisible, s'y retrouve impliquée, non en rapprocheuse de cœurs perdus, mais en personne qui a appris à sentir le passé dans nos veines. La leçon qui en découle est celle que chacun attend dans son impatience à vivre la vraie vie brûlant sur les braises de l'amour véritable. Fenêtre ouverte sur les lois mystérieuses qui régissent les sentiments humains, « Encore un peu de temps » piste la Vérité jusque dans les coulisses de nos questionnements essentiels. Ici, la cruauté parle d'amour, la mort pousse à vivre, le malheur se fait écho de l'espoir.


Aux Editions Apopsix, 19€.

Maxime ou l'honneur d'un président.



« Yasmina Moreau s'assit dans le bureau de l'Ambassadeur de France au Batou. C'était désormais son bureau. Elle avait été nommée, par décret de Monsieur le Président de la République, chef de la diplomatie française dans ce pays. Elle savait que les choses ne seraient pas faciles et que son prédécesseur avait demandé sa mutation du fait des troubles qui y régnaient. En raison de l'existence de la force d'interposition entre gouvernement officiel et rebelles, force nommée par l'O.N.U. et comportant, pour la plus grande partie des unités de l'armée française, assistée par des détachements de l'Union Sud-Africaine et du Mali, les français étaient pris en ligne de mire par les deux factions. Il n'était pas rare que des commerces français soient pillés et quelquefois des ressortissants mollestés. L'ambassadeur n'avait, en droit, aucun pouvoir sur la force d'interposition, même si le commandement français restait en relation constante avec les services diplomatiques. Ce texte est dédié à tous les responsables d'’hommes et de femmes qu'’ils doivent diriger et protéger, même au péril de leur propre sécurité. Il n'’est pas de plus grande preuve d’'amour que de donner sa vie pour ceux que l'’on aime ! »

Aux Editions Apopsix, 16€. 

Biographie


Didier Cayol est né à Nice dans les Alpes-Maritimes le 19 janvier 1936.  "Mon père est né à Paris mais il était originaire de Toulon. Il aimait écrire quoi qu'il n'ait jamais rien publié". Il avait tenté Polytechnique, mais après avoir raté le grand oral, il s’enrôle dans l'armée. Il fait son service militaire, officier d’artillerie deux fois blessé, est inscrit au Fort de Douaumont en tant que héros de Verdun.



Jeunesse 
La guerre finit, le père de Didier Cayol entre dans une école d’électricité et est engagé chez EELM (Énergie Électrique du littoral méditerranéen). Nommé au poste d'ingénieur à Cannes quelques années plus tard, la famille déménage en 1938 et devient cannoise.
Je n’ai pas connu mes grands-parents mais je sais que mon grand-père paternel était chef de service auprès du Ministère de la Marine. Il était aussi l'ami de Guy de Maupassant et d’Émile Zola. Il mourra de la tuberculose à l’âge de 40 ans ».
Femme au foyer, la mère de Didier Cayol était fille d'un notaire à Bordeaux, issue d'une famille de six enfants. Didier est le benjamin. Elle descendait directement de Bussy Rabuttin Chantal, du petit-fils de Sainte Jeanne de Chantal et du cousin germain de Madame de Sévigné. La mère de Didier avait cette caractéristique d’être suffragette, organisant des défilés pour le vote des femmes dans les années 1930. Elle traînait ses enfants pour défiler et prêcher le droit de vote des femmes. C'était une femme pleine d'énergie et dotée de belles convictions. 
Didier entra au collège en 1942 lors du déménagement de la famille d'Avignon, son père ayant été muté au poste de directeur général. L’arrivée dans Avignon s’est faite en même temps que celle de l’armée allemande. Didier entre alors chez les jésuites en janvier 1943. Il y passera dix années de sa vie.
"C’est ma sœur qui m'a appris à lire tandis que l'institutrice m'enseigna les fondamentaux en me faisant travailler à la maison".
À Avignon, j’ai eu beaucoup de chance, j'ai assisté à la création du Festival d’Avignon. Je l'ai vu naître à partir des coulisses. C’est comme cela que mon esprit a été bercé par les bons mots, les grands du théâtre français de cette époque. »

Un élève hors-norme
" Déjà à l’âge de 11 ans, mon professeur me poussait à ce que j'enregistre un disque car je déclamais fort bien la poésie, Racine, Homère... J’ai été baigné dans la Culture française, classique.
J’ai toujours été sensible également à la poésie contemporaine, celle de Prévert et d'Eluard, paradoxalement, j’ai toujours adoré Yves Montant, Pagnol…etc.".
Les études se déroulèrent dans les meilleures conditions malgré des accrochages répétés avec les professeurs qui se plaignaient souvent de voir  toujours une réponse à tout ! Cela me valu le doux sobriquet de « Pic de la Mirandole ». Bon en maths et pas en physique ni en chimie, affectionnant particulièrement la philosophie, Didier Cayol finit par décrocher la médaille d’argent au prix des anciens élèves du collège des jésuites d’Avignon. Il y passera son Bac littéraire avec mention.

« En classe de première, mes camarades et moi même étions pris à part par notre professeur de latin qui nous demandait de traduire de manière simultanée des écrits de César. Cet exercice difficile m'a fait aimer le latin pour toujours. Cela forme l’esprit, comme le grec qui est autrement strict et profitable pour l'esprit. A cet âge, j'aspirais à devenir ambassadeur car la diplomatie et l’art de la négociation renfermaient pour moi toutes les vraies valeurs  auxquelles j'ai toujours aspiré. Lorsque mon père pris sa retraite à Paris, je me résolus à m’inscrire à la fac de droit. Or, n’ayant pas de domiciliation parisienne, j'ai du me m'inscrire à l’Institut catholique de Paris ou j’ai fais deux ans de droit avant de rejoindre le Panthéon. Président des étudiants de la faculté libre de droit où j’avais créé un journal appelé "Le canard juridique" (à l’Institut catholique de Paris). C’est là où j’ai connu ma femme. Depuis notre rencontre, nous ne sommes plus quittés.
L'idée d'abandonner mon projet de rejoindre Science-Po a muri alors que j'assistais à des procès en Assise. Un camarade qui connaissait l’huissier de la cour d’assise de Paris, avait joué de ses relations afin que nous puissions assister aux procès. C'est ainsi que j'ai eu la chance notamment de vivre en directe, le procès de M. Guerini ou encore celui d'Émile Buisson, l’ennemi public numéro Un. C’est là ou je me suis dit « je serai avocat ! ». Les avocats me fascinaient. Ils avaient la parole libre, traitaient les témoins avec arrogance et convictions, répondaient au président de manière pertinente. Les avocats ont cette possibilité de s’exprimer sans que l’on puisse leur reprocher quoique ce soit. J’étais sous le charme des plaidoiries des ténors du barreau. Cette profession qui fait honneur au verbe m'a piqué au vif.

Des débuts studieux
J’ai terminé ma maîtrise puis me suis inscrit en doctorat de droit public à Paris 1. Marié entre temps (1958), en 1959, je me suis inscrit en doctorat, le gouvernement a résilié tous les sursis militaires donc j’avais alors 23 ans et je me suis retrouvé appelé dernière les drapeaux. Je ne suis pas parti en Algérie, car nous avions eu un enfant, j’ai donc fait mes classes dans la Marine à Hourtin près de Bordeaux. Après deux mois de service, j'ai été envoyé avec un autre camarade matelot au camp d’Hourtin jusqu’au 24 décembre ou nous avions finalement pu regagner Paris. Or je n’étais toujours pas docteur en droit. Après un mois d’enquête, nous avons été affecté dans les Services secrets à la surveillance des mouvements des bateaux russes. J’ai passé deux ans dans ce service appelé le SDEC que nous appelons aujourd’hui la DGSE. Nous avons eu ensuite un second enfant et mon service militaire qui était de 36 mois, a de fait  été réduit à 30 mois. Tout de suite après, j’ai rejoint une étude d’avoué pour laquelle j’avais déjà travaillé. J’ai beaucoup travaillé pour François Regnier, avoué au tribunal de grande instance de Paris. Pendant que j’étais encore sous les drapeaux, j’ai passé le CAPA (certificat d’aptitude à la profession d’avocat) et prêté serment le 28 novembre 1962. Je suis devenu avocat au barreau de Paris. Je n’ai plus jamais fait de droit public et me suis spécialisé en droit procédural. J’ai appris mon métier sur le tas… Très vite, ne connaissant personne au Palais, j’ai travaillé avec l’un de mes anciens professeurs, Michel Fliniaux, qui donnait des cours à l’université d'Amiens et exerçait la profession d'avocat à Paris. 

Collaborant pendant quelques mois avec Michel Fliniaux, très vite, j’installe mon cabinet à  mon domicile, avenue de Wagram. Je travaille avec des confrères, je fais des dossiers et vais plaider pour eux afin de pouvoir construire mon propre fond de cabinet le plus rapidement possible. 
Très vite, je suis élu à l’UJA (Union des Jeunes Avocats), c’est là que je vais faire la connaissance de ceux qui, quelques années plus tard, deviendront mes plus fidèles amis. Pierre André Renaud est l'un d'eux. Au bout de trois ans, je suis devenu le président de la commission d’étude, puis deux ans plus tard, Vice-Président de l’UJA. Enfin, en 1971, j'en deviens président. En 1975, je suis élu président de la Fédération nationale des UJA de France. Lors du congrès que j’organise à Reims, je fis venir un certain nombre de magistrats, notamment le président BELLET qui deviendra premier président de la cour de cassation, quelques années plus tard. Monsieur Pierre Drai lui succédera à la Cour de cassation, et Monsieur Vassogne deviendra premier président de la Cour d’appel de Paris. Ensemble, durant des années,  nous entretiendrons des relations informelles et en échangeant très régulièrement des réflexions sur l’avenir de la justice et de nos professions respectives.

À l'occasion de l'examen du CAPA, j'avais fait la connaissance d'un homme extraordinaire qui marquera mon avenir professionnel de manière déterminante.  Ce grand monsieur deviendra quelques années plus tard, le Bâtonnier visionnaire aimé de tous les gens de robe : Claude Lussan.
Le bâtonnier Lussan me fit entrer dans son équipe aux fonctions d'administrateur de la Carpa ou je resterais 25 ans avant d'en devenir le vice-président, les deux dernières années.
Avec Pierre André Renaud et le bâtonnier Damien de Versailles, nous avons créé l’Institut d’études judiciaires de Nanterre sous la conduite du professeur Motulski. Quelques temps plus tard, en 1971, je suis désigné par décret membre de la Commission de réforme du Code de procédure civile. J’assisterai à une réunion par semaine Place Vendôme durant près de 15 ans ! Cette commission était présidée par Jean Foyer, ancien Garde des sceaux qui lors d'une dernière réunion nous annonça mes Dames et Messieurs : "nous sommes remerciés au double sens du terme". Monsieur Foyer ne manquait pas d'humour ! Mais le nouveau Code de procédure civile fut publié sans qu'il soit mention de nos travaux !
Je fus par la suite nommé par Alain Perfitte, garde des seaux, membre de la commission de réforme du secret d’instruction, sujet qui n'a pas évolué tellement depuis lors.

« J’ai toujours rêvé de faire de la politique. Ce sont mes parents et ma femme qui m’en ont toujours dissuadés. Lorsque je regarde ce qui s’y passe aujourd’hui, je trouve que le choix fut bon de ne point m'être aventuré dans cette branche. Professionnellement, j'ai été en cabinet groupé avec Pierre André Renaud et Paul Haennig. Un ami, confrère de Chartres, Jean-Pierre Tremblay nous a ensuite rejoint. Une association est envisagée, notamment avec Bernard Cahen, mais après la mort de Jean-Pierre Tremblay, nous constituerons la SCP Cayol Cahen et Associés dont mon fils, Jérôme a pris la direction en 2011. »

L'amour de l'écriture
« J’ai toujours eu envie d’écrire, mes bonnes notes en français m’ont motivé à le faire. Je n’ai seulement jamais trouvé le temps pour cela. Or, un jour, Caroline, la plus jeune de mes deux filles, me proposa d’écrire à quatre mains un Arsène Lupin moderne ayant une passion commune pour le personnage. J’hésite d'abord, mais face à son insistance, et à son projet d’imaginer la vie du petit-fils d’Arsène Lupin à qui son grand-père a légué un tableau... un texte "les Lupins de Vincent" est sorti deux mois plus tard. On y'est encore en Avignon, Nîmes ... très influencé par les souvenirs méridionaux de mon enfance.
Plusieurs années plus tard, « Maxime ou l'honneur d'un président » voit le jour, associant mon vieux rêve de devenir diplomate et cet amour naturel que j'ai toujours porté pour l’écriture. La pratique de l'écriture a été une activité permanente au cours de ma carrière d'avocat. Je rédigeais les discours et les textes que je ne suivais pas toujours à la lecture… Et puis, l’idée d'un troisième livre..., Mais ai-je encore un peu de temps ?

« Je veux reprendre l’histoire de Fontine vue par Fontine, et puis la guerre dans les yeux d’un enfant, car je me souviens des bombardements, du discours de Maréchal Pétain, de la petite fille dont je tombais amoureux lors d’une rencontre sur une plage à l’âge de 4 ans. A Avignon, j’ai couché pendant 8 jours dans une cave avec un casque sur la tête. Les bombardements ont duré pratiquement entre le 27 mai 1944 et le 15 août. À cette date alors qu'Avignon était libérée, les anglais ont bombardé la ville. J’ai vécu vingt bombardements d’Avignon! » Ces souvenirs marquent pour toute une vie. Je pense avoir aujourd'hui le recul suffisant pour en tirer de l'inspiration.